10 Mars 2013
Cette "vie" de la banquise se traduit par un renouvellement constant des étendues gelées, qui se régénèrent et s'épaississent en hiver, pendant qu'une partie est emportée par les courants en direction du Groenland et de l'Atlantique Nord.
Mais alors que le bilan était en parfait équilibre depuis des temps immémoriaux, les satellites montrent que la superficie de la banquise s'est réduite de 6,5 % par décennie entre 1980 et 2000. Pire, si l'on prend en compte les données jusqu'en 2005, on s'aperçoit que la perte s'accélère considérablement et porte cette moyenne à 8 % par décennie au cours des trente dernières années.
L'épaisseur de la glace subit les mêmes pertes. Au centre de l'Océan Arctique, des relevés effectués entre 1993 et 1997 montrent une réduction de 1,5 mètre, soit 40 % de moins que durant la période 1958 à 1976, où cette valeur était encore stable.
La banquise subit plus que toute autre région du monde les conséquences du réchauffement climatique, essentiellement à cause de la diminution de son albédo, c'est-à-dire de la disparition progressive du pouvoir réfléchissant de la glace sur l'océan. Depuis plusieurs décennies apparaissent de plus en plus de zones d'eau libre qui captent le rayonnement solaire, le libérant sous forme de chaleur et accélérant encore le processus. Selon les experts, si aucune mesure n'est prise, la banquise disparaîtra complètement en été d'ici 2060, ce qui entraînera des changements climatiques considérables dans l'hémisphère nord.
L'expédition
L'expédition de Jean-Louis Etienne, baptisée "Total Pole Airship", aura pour but de mesurer l'épaisseur de la glace avec bien plus de précision que les résultats actuellement obtenus depuis l'orbite, notamment par Envisat et ERS, en raison de sa nature chaotique et de la difficulté de différencier jeune glace et glace pluriannuelle. Cette étude sera aussi nécessaire pour valider les observations futures de Cryosat 2, le satellite de l'ESA consacré à l'étude de la cryosphère qui sera lancé en 2009.